Tu sors de chez toi et tu commences a marcher. Tu distingues le rythme de tes pas et cela te rappelle une chanson que tu commences a chantonner. Tu respires l'air froid de l'aprés midi et tu mets tes mains dans tes poches pour les rechauffer. Tu traverses la rue et tu marches.
Tu passes a coté d'un arbre que tu regardes jusqu'en haut. T'examines ses branches tordues et ses feuilles, tremblantes de froid, comme toi. Tu t'es arreté parce que, pose sur le fil electrique qui passe tout pres de l'arbre, il y a un rouge-gorge. C'est curieux la reaction des gents quand ils voient un rouge-gorge, du coup tout reste comme gelé. La plupart du temps tout reste en silence sauf pour laisser la place, quelque fois, a des c'est beau! Et dix secondes aprés, il s'envole, éphemere et la vie continue, avec des gens un peu plus heureux qu'avant.
Tu marches, tes pas résonnent dans ta tete. Tu regardes a gauche et tu vois cette feme. Cette femme aux cheveux bouclés, oranges et rides. Cette femme avec ses gros yeux de poisson que te regardent toujours d'un air acusateur. Pourquoi cette femme ne te souris jamais? Tu ne sais pas, en tout cas ca t'embete de voir quelqu'un qui n'est pas content. TU lui souris quand meme. Et tu marches.
Tu traverses la rue deux fois avant d'arriver au coin ou tu prends toujours le bus. T'attends et pendant que t'attends tu penses au rouge-gorge et a cette femme.
Le bus arrive et t'y montes. Tu t'assois dans une place vide. Tu ne veux personne a coté de toi aujourd'hui, d'autres jours t u aimes la proximité des gens, sentir leurs odeurs, ecouter leurs voix, mais pas aujourd'hui. Aujourd'hui tu penses a toi. Tu ouvres ton livre et tu commences a lire. Tu te sens bien, ce livre te plait.
Tout d'un coup une femme apparait et te demande pardon pour s'assoir a la place vide que t'as laissée. Pourquoi? Tu ne veux pas de cette femme, tu ne veux psa sentir son corps collé contre le tien, tu veux simplement lire ton livre. De plus, il y en a d'autres de places vides mais, non. Elle, elle veut s'assoir a coté de toi. Peut etre que ca la rassure d'avoir quelqu'un pres d'elle, tu sais pas. En tout cas ca te gene. Cette femme te gene. Et tu fermes ton livre, car tu vas devoir descendre en quelques secondes. Tu préviens le chofeur et tu descents.
Tu traverses la rue a nouveau. Tu marches. Tu vois un homme d'une soixantaine d'années sortir de chez soi. Tu vois ses deux petits chiens blancs, si petits et si blancs que tu oublies la femme du micro et un petit sourire se dessine sur ton visage.
Tu croisses un homme qui lit. Ca fait du plaisir de voir quelqu'un entrain de lire. Tu te mets a penser a ses sources de connaissances. Elles te fascinent. Mais par contre tu n'aimes pas finir un livre, ca laisse un vide.
Tu marches, tu regardes les maisons. Tu vois une porte ouverte, quelqu'un vient de rentrer. Tu veut voir ce qu'il y a derriere cette porte. T'imagines le decor de cette maison. Tu accéléres. Maintenant l'emotion t'envahi de decouvrir ce monde parrallele au tien mais que pourtant tu ne connais pas. Mais juste quand tu aurais pu voir, la porte se ferme, elle est verte.
Ton reve s'est epanoui. Tu marches. Tu revois des chiens, plus grans cette fois mais aussi beaux que les autres, et tu oublies la porte. Tu est presque la. L'homme qui t'ouvre toujours ne t'ecoute pas. Il est comme hipnotisé par sa musique et tu deviens un fantome. Des qu'il te voit, il te sourit, te dit bonjour et t'ouvre la porte. Un sourire peut aporter plus de joie á quelqu'un que tout l'argent du monde. Il suffit de s'en rendre compte.
Tu rentres et tu commences a monter. Tu montes, tu montes, tu montes. Enfin tu arrives. T'attends une minute, pendant laquelle tu regardes la rue, les gens qui passent. Tu adores regarder les gens. On t'ouvre et tu disparaits derriere cette porte qui se ferme devant mes yeux.